De Crasso…
à Cras sur Reyssouze
L’époque féodale est une période importante pour la création et la stabilisation de la toponymie.
Ainsi en 1272, la commune s’est appelée CRASSO, puis CRAZ ou CRAS en 1355, et depuis 1867, CRAS-SUR-REYSSOUZE.
Le conseil municipal ajouta « sur Reyssouze » pour éviter les erreurs préjudiciables à l’échange des correspondances.
Plusieurs explications sont proposées pour définir le sens du mot Cras : du point de vue géographique, ‘’ crasso’’ veut dire creux en langue celte, le ‘’Crag’’ est un caillou en latin, ‘’crassus’’ signifie gras, épais, ce qui dans le langage populaire, aboutit à ‘’ crasseux’’, cette ‘’ crasse’’ étant celle de
nombreux marécages.
Quant aux noms des hameaux, certains se réfèrent aux familles du lieu : Adam, Dugad, Laurent, Pochon, Perret, d’autres à la géographie : Balvay ou Belvey : Belle-vue, Montatin ou encore, à la végétation : les Vernes, le Souget : saule, Chassagne : lieu planté de chênes.
L’histoire de notre commune est liée au développement et au destin de quatre fiefs (terre qu’un vassal tenait de son seigneur et en échange de laquelle il devait accomplir le service dû à celui-ci ) : la Beyvière, Lespiney, Langes et Pelachaz. Ce dernier, possession de Bâgé, disparut rapidement.
Le fief de la Beyvière possédait une maison forte près de la Reyssouze, en ruine au XVIIe siècle. En 1769, la terre passe à la famille de Langes.
Le fief de Langes : Les premiers seigneurs furent les Pelossards. En 1520, Jacques Pelossard échange son fief avec les frères Bon et Claude Curtil, qui possède un domaine à Cuet. Peu à peu, les seigneurs de Langes étoffent leurs possessions par divers achats sur Cras et ‘’Estré’’.
Cette seigneurie fut érigée en baronnie en 1583.
La fille aînée de Claude Curtil hérita de Langes qui revint ainsi à Jacques de Focrand, son mari; leurs enfants vendirent cette terre à Pierre de Joly, seigneur de Choin dont les descendants restèrent barons de Langes jusqu’à la Révolution.
L’Espiney possédait une maison forte. Antoine de Montferrand, seigneur d’Attignat, vendit cette terre à Guillaume du Bois, secrétaire du Duc de Savoie ; à son tour, son fils l’aliéna en 1490 à Louis d’Etrez ; ses héritiers revendirent cette terre à Claude de Pollia. En 1577, sa petite fille en hérite et épouse le seigneur de Cornaton, Marc Marie de Rissé. Le baron de Langes reprit cette terre en 1769.
A la fin de l’Ancien Régime, l’aisance est générale sauf pour les journaliers et les veuves, ce qui entraîna cet article du cahier de doléances de 1789 : “ le ¼ des dîmes suffira à soulager le sort des pauvres, c’est-à-dire ceux qui sont dans l’impossibilité de vivre de leur travail à cause de leur vieillesse et de leur infirmité
. Pour ceux qui sont en état de vivre de leurs travaux, ce serait injustice que de favoriser leur paresse, ainsi il faudra les emprisonner jusqu’à ce qu’ils reprennent l’amour du travail ”.
Cette âpreté entre-t-elle dans la légende faite aux gens de Cras, réputés batailleurs : “ Les chats de Cras ” ne trouvaient leurs maître qu’à Marboz…
Vieilles traditions si chères à Prosper Convert, né au moulin de la Verne à Cras sur les bords de la Reyssouze : poète du terroir, il est devenu le “ barde bressan”.